J’ai appris avec tristesse le décès de Richard Martin, grand défenseur du théâtre pour tous et figure emblématique de la vie culturelle marseillaise.Après des débuts sur scène à Paris, Richard Martin dirige le Théâtre Massalia à Marseille en 1968 puis ouvre en 1970 le Théâtre Toursky à Saint Mauront, l’un des quartiers les plus pauvres d’Europe, dont il fera « un lieu de résistance poétique ».Un an après, il fonde la Compagnie Richard Martin grâce à laquelle il travaillera avec de grands metteurs en scène comme Claude Régy, Patrice Kerbrat et Jorge Lavelli mais aussi des chorégraphes de renom comme Mathilde Monnier et Trisha Brown.En 1974, il crée le Théâtrobus à travers lequel il monte des spectacles dans les quartiers populaires de Marseille. Robert Vigouroux, qui n’est pas encore le maire de la ville, en est le parrain.

A la fois acteur, metteur scène, dramaturge et poète, Richard Martin était dans le même temps un citoyen engagé qui a créé de nombreux spectacles avec Léo Ferré, ami et compagnon de route qui l’a aidé à diffuser le théâtre auprès de tous les publics.

Tout au long de sa carrière prolifique, Richard Martin a en effet défendu sa vision d’un théâtre à la portée de tous : « Je voulais que le théâtre ne soit pas réservé à un cercle de privilégiés quels qu’ils soient, d’une intelligentsia ou de la bourgeoisie. Je voulais toucher les loubards, toucher les gamins un peu rebelles ».

Homme de valeurs, Richard Martin était aussi un artiste de combat. En 1981, il se suspend à une nacelle, entame une grève de la faim pour protester contre la diminution des subventions de son théâtre et finit par obtenir gain de cause. Il entame une nouvelle grève de la faim en 2009 pour les mêmes motifs, puis en 2019 et plus récemment au mois de février 2023 en réaction notamment à une baisse de subvention de la municipalité. Il reçoit alors le soutien de nombreux artistes à travers une pétition signée par plus de 20.000 personnes.

Toute sa vie, Richard Martin a été animé par l’idée que l’art doit appartenir à tout le monde. Il savait mieux que quiconque comment la culture peut être une puissance émancipatrice capable de transformer les vies, donner des perspectives à ceux qui en ont peu et propager une inspiration contagieuse.

Cinquante années durant, Richard Martin aura marqué de son empreinte la cité phocéenne, et fait du théâtre Toursky un lieu de poésie et de fraternité, unique en son genre.

J’adresse à sa famille et à ses proches mes sincères condoléances.