Nos créations

Petit boulot pour vieux clown

Mise en scène Virginie Lemoine assistée de Alice Faure

Avec Pierre Forest, Serge Barbuscia et Richard Martin

Création décors Emmanuel Charles
Création lumières Sébastien Lebert
Musique Stéphane Corbin

Co-production Théâtre Toursky International, Théâtre du Balcon Avignon et A360 Production.

 

APRÈS LE TOURSKY RETROUVEZ NOS CLOWNS

AU THÉÂTRE DU BALCON DU 19 AU 27 FÉVRIER

AU FESTIVAL AVIGNON OFF 2022 AU MOIS DE JUILLET AU THÉÂTRE DU BALCON

PUIS 60 REPRÉSENTATIONS PARISIENNES À L’AUTOMNE 2022 

 

 

« LE Matéi Visniec et LA Création événement qu’il ne faut surtout pas louper. »

Trois vieux clowns sur le déclin se présentent à la porte d’un bureau dont on ne saura jamais rien, pour répondre à une petite annonce dont on ne saura pas davantage, si ce n’est que l’on y recherche justement un vieux clown. Jadis, ils ont travaillé ensemble chez Humberto. La joie des retrouvailles fait bientôt place à la dispute car l’offre ne concerne qu’un seul poste. Peu à peu, les trois vieux copains deviennent trois gladiateurs tragiques des temps modernes qui luttent pour survivre tout en se faisant l’illusion qu’ils ont été appelés pour sauver ce qui reste encore du « grand art du cirque ».

Matei Visniec, est l’un des auteurs les plus joués au Festival Off d’Avignon et aussi l’auteur dramatique le plus joué en Roumanie depuis la chute du communisme.

Virginie Lemoine s’empare de ce texte et explore l’âme humaine dans ce qu’elle recèle de plus étonnant, de plus généreux, de plus mesquin ou de plus noir.

Avec une infinie délectation, elle va tenter d’élucider qui, de ces trois clowns, peut prétendre être le meilleur candidat. Le plus talentueux ? Le plus facétieux ? Le plus original ? Le plus inventif ? Le plus charismatique ? Ou simplement le plus vieux ?

Un suspens haletant d’autant plus que ces trois là se connaissent parfaitement, s’apprécient par moment mais ont surtout en commun une semblable et vitale priorité : décrocher le boulot et éliminer l’autre…

Sous sa direction, vont s’ébrouer trois comédiens de génie, pour la première fois réunis sur scène : ­Pierre Forest, Molière en 2017, Serge Barbuscia, et Richard Martin.

Stratégies, jeux d’alliances et batailles inexorables vont se dérouler sous nos yeux ébahis.

Attention talents explosifs !!!

 

La revue de presse

PERFORMARTS – mardi 1er février 2022

PETITS BOULOTS POUR VIEUX CLOWN DE MATTEI VISNIEC AU TOURSKY DU 7 AU 29 JANVIER.

Une fraternité chevillée à l’humour et portée par trois acteurs magnifiques

Dans une pièce enfumée et sans fenêtres, un clown assis dans un fauteuil attend. Mais quoi ? L’heure d’un rendez-vous improbable ?

Un deuxième entre en scène traînant une valise.

« C’est vous qui fumez ? » Le bruit claironnant d’un siphonage de tarbouif retentit, l’enchifrené de circonstance est démasqué, la marque reconnaissable d’un talent qui le propulsa jadis au plus haut de son art, juste ce qu’il fallait pour que tous les deux se reconnaissent et se tombent dans les bras en accolades matoises, embrassades et autres cajoleries. Le ton est donné, très vite la farce commence à prendre à travers toutes sortes d’escalades de langage, chacun voulant prouver qu’il est meilleur que l’autre. Ça couine et ça jabote, ça grince et s’envole jusqu’aux limites de la déraison. D’ailleurs que pourrait traduire la raison dans ces vies brinqueballées où le réel apparaît sous les dehors d’une mascarade où chacun joue sa partition en solo.

Ici, ce ne sont pas les portes qui claquent mais les valises qui s’entrechoquent.

Quelles chimères renferment-elles ?

Lors, on assiste à une partie de ping-pong verbale où les egos se dilatent et débordent. La meute des souvenirs est lâchée ; le ton monte, s’emporte, fuse, ricoche, tonne ; nos deux comparses s’empoignent dans un rythme endiablé. C’est que les bougres font feu de tout bois pour s’imposer. Rien n’est épargné tant cette fichue compétition prend le dessus. Le premier ne manque jamais de dénigrer le second en tirant la couverture à lui.

Quelques facéties et mimiques plus tard, quelques bonnes engueulades plus loin, apparaît le troisième lascar. Ils sont maintenant au complet : Nicollo, Filipo, Peppino. Le verbe est dru, les ripostes souvent fatales ! On s’explique, se raille, se bouscule comme dans une cours de récré.

Les codes du théâtre sont mis à dure épreuve, souvent même à l’envers.

Et voilà notre trio chauffé à blanc, trois vieux clowns sur le déclin, dopés par une drôlerie carnassière qui les mène à s’entre-bouffer pour défendre l’idée d’un art du cirque que le monde moderne met mal en point. Un lointain souvenir du temps où ils rayonnaient ensemble chez Humberto. Mais que l’on ne s’y méprenne point ces trois fagotins en habits de scène sont marqués par les brûlures d’un désespoir rentré. Chacun va rivaliser d’inventivité pour démontrer que le temps ne fait rien à l’affaire et qu’ils sont toujours, et plus que jamais, mus par une ardeur intacte.

Serge Barbuscia, coiffé de son petit chapeau fétiche, improvise une séance de mime qui nous rappelle furieusement le final du Blow up d’Antonioni où se joue une partie de tennis avec une balle imaginaire ; Richard Martin, fleur rouge à la boutonnière, poétique et débordant d’ingéniosité dans la maîtrise d’un tour de magie dont il a le secret, une boîte noire pour unique accessoire, rien à l’extérieur, rien dedans, mais où, tout à coup, il fait s’échapper une enfilade de ballons rouges ; quant à Pierre Forest, le lyrique à la lavallière vermillon, entièrement vêtu d’un habit sombre, il se joue de ces compagnons en se faisant passer pour mort, ce qui est le comble du subterfuge et de la manigance. De la toute belle trouvaille ! Le bouche-à-bouche ne semble pas fonctionner… Ciel, est-ce qu’il respire ? Vit-il encore ? L’inquiétude atteint son paroxysme. Mais non, il vit ! Vous avez dit supercoquentieux ? On culmine dans les hauteurs inopinées de la bouffonnerie intégrale. Alors, qui est le meilleur ? Difficile de les départager car ensemble ils forment une même entité qui fait exploser toutes les variantes de la truculence.

L’écriture dramatique de Matei Visniec est ample et directe, soulignée d’une verve qui jamais ne se démet, imagée, drolatique, mais point trop car les fondements de cette pantalonnade sous-tendent une satire cuisante du burlesque épaulée par toutes sortes de distorsions de style qui rappellent la littérature de l’absurde d’après-guerre où l’ordinaire neutralité des personnages le dispute à la noirceur de la vie.

Maniant un ton qui frôle l’univers insolite d’un Ionesco ou l’âpreté parodique du pessimisme de Beckett, chacun de ces trois clowns à la dérive appuie à tour de rôle sur l’imaginaire pour en faire apparaître la farce cachée, déployant tant d’astuces, tant de roueries que tout finit par devenir illusion, métaphore, mais aussi allégorie métaphysique.

Virginie Lemoine nous propose une mise en scène et une direction d’acteurs qui ne supportent aucune afféterie ; simple et dépouillée, elle offre à la pièce ce supplément de petits riens qui forge les grandes entreprises. Elle égrène les cinglures du temps avec délicatesse, recréant la trame nostalgique d’une époque révolue, quand la camaraderie et la tendresse complices donnaient à l’art du cirque une coloration si particulière.

Jean-Pierre Cramoisan

illustration Johanna Heeg


LA MARSEILLAISE – 22 janvier 2022

Des clowns vieux, moches, méchants…et attachants

Pièce jubilatoire et profonde, « Petit Boulot pour vieux clown » est à voir au Toursky à Marseille jusqu’au 29 janvier.

Serge Barbuscia, Pierre Forest et Richard Martin mis en scène par Virginie Lemoine. Gros tas ! » « Squelette ! » Lorsqu’ils se retrouvent par hasard dans une antichambre Nicolo, Philippo et Peppino n’y vont pas de main morte. Ce Petit boulot pour vieux clown, ils le veulent tous les trois ardemment, désespérément… Ou presque.

Cette création autour de l’oeuvre du dramaturge franco-roumain Matéi Visniec, mise en scène par Virginie Lemoine, réunit sur la scène du Toursky jusqu’au 29 janvier, Serge Barbuscia, Pierre Forest et Richard Martin pour un peu plus d’une heure de théâtre ciselé, embarquant le public dans un grand huit émotionnel. Autant prévenir tout de suite, ici, pas de grands effets scéniques mais des touches angoissantes juste ce qu’il faut. Là un cordon de sonnette qui tinte dans le vide, ici un fauteuil éculé, plus loin des valises défoncées. L’entrée des artistes en elle-même pose le propos.

En attente dans cette pièce sans fenêtre, nos trois clowns sur le retour y croient dur comme fer : le job est pour eux. Pris dans le piège de la concurrence féroce, ils s’enfoncent l’un l’autre dans une joute verbale tourbillonnante.

Noms d’oiseaux, insultes, coups bas… On prend la profusion en pleine face et on s’indigne même sur son fauteuil.

Comme au cirque, nos artistes déchus ont des caractères bien identifiés. D’abord celui du clown triste et un peu hors sol, englué dans sa gloire perdue, tout en pantomime qui perd aussi un peu la boule. Puis celui du clown féroce voire infect qui tape là où ça fait mal, pathétique. Et enfin celui du clown meneur du spectacle, au-dessus de la mêlée, garant d’une certaine tradition et qui finit par déclamer en mode shakespearien car monsieur est devenu « comédien ».

Tous les trois vieux, moches et méchants mais terriblement justes dans cette satire d’une société qui n’a finalement que faire de l’humain. Une satire mâtinée de Commedia dell’Arte et de Fellini aussi avec des instants de poésie quasi magiques. Et là dans un moment des plus tragiques, tout au fond dans le noir, une étoile d’espoir qui scintille et finit par éblouir la scène, balayant tout sur son passage.

Mireille Roubaud


RMT News International – 21 janvier 2022

La cruelle farce de la vie

Petit boulot pour vieux clown de Matéi Visniec, voilà du Théâtre comme on l’aime ! Le spectacle proposé jusqu’à fin janvier au Toursky repose sur deux éléments principaux : l’importance première du jeu d’acteur et la sobriété de la mise en scène.

Du théâtre pour le Théâtre

Ici point de fioritures : un décor simple, composé de quelques valises-accessoires (servant de coussin, chaise etc…), un fauteuil roulant, un grand panneau en tissus épais foncé, et basta.  Le jeu de lumière est réduit à son plus simple apparat avec une lumière en plongée : quelques légers effets de douche ou contre-jour viennent souligner une action, un mouvement ou un geste. Point de superflu. Une petite musique en début et fin de spectacle, et c’est tout… Nous sommes là pour entendre le souffle des mots et entrer pleinement dans l’univers de Matéi Visniec.

L’atmosphère de vieux cabaret de music-hall défraichi est rendue par le choix d’un décor aux couleurs sombres : ces dernières contrastent avec la lumière crue de l’éclairage qui renforce cette ambiance veillotte. Elle est de plus accentuée par un lourd nuage de fumée envahissant, tel un épais brouillard, flottant dans l’air vicié de la pièce. Nous sommes bien dans une salle d’attente exigüe et aveugle, empreinte jusque dans le creux de ses murs de la lourdeur des effluves persistants de longues heures d’attente avec ses odeurs acres et rances de transpiration et de tabac froid. On la pense située côté entrée des artistes, dans un coin oublié du théâtre. Derrière le pan de tissu qui fait office de porte, on imagine le bureau du directeur de casting aux meubles sombres, et, lui, le cigare en bouche, accoudé à son bureau, un verre de whisky à la main. Le décor est planté.

Bienvenue chez les clowns

Une petite musique de fanfare clownesque annonce brièvement l’arrivée des candidats à l’audition. Nicollo, un vieux clown au nez rougi par l’alcool, une partie du crâne dégarni entouré de cheveux hirsutes, une cravate rouge gigantesque fichée à son cou et un costume bouffant aux éternelles bretelles peinant à masquer un plastron vieillissant, entre un peu hésitant le premier sur scène. Il est l’archétype du clown blanc de cirque traditionnel, optimiste, joyeux, naïf, voire un peu benêt – il a l’air bien brave dirait-on de par chez nous – avec ses numéros d’amuseur public. Il attend depuis un moment quand entre subitement un deuxième clown, l’Auguste Filippo, cheveux courts, veste militaire et pantalon élimés, fleur rouge à la boutonnière, le pas vif et l’allure confiante. Tous deux ont une valise à la main, c’est là où se cachent leurs nouveaux tours de passepasse. L’heure tourne et ils attendent entre exaspération, trépignement et résignation qu’on les appelle mais personne ne se montre.

Après un temps d’incertitude, ils se reconnaissent : de leur retrouvaille de prime abord joyeuse  – et voilà que je te prends dans mes bras « que tu es maigre Nicollo ! »- à la remémoration des souvenirs du bon vieux temps – un tendre moment de théâtre – en passant par des questionnements sur la raison du choix d’un vieux clown dans l’annonce pour l’audition et des attaques en règle d’une perfidie et sournoiserie savoureuses, ils nous émeuvent et nous font doucement rires de leur travers. La scène où Filippo reconnait Nicollo à sa façon de se moucher, ou encore celle où ils s’invectivent de tous les noms d’oiseaux, est clownesque à souhait. Dans cet aller-retour de sentiments contradictoires où amour et haine, désir de complicité et soif de compétition font rage, ils nous interrogent ici sur nous-mêmes, nos volitions et appétits, notre « dur désir de durer » pour reprendre Paul Eluard résumant ainsi la pensée spinoziste de l’essence de notre être-là.

Profondément méchant et aigri, Filippo est incarné avec conviction par Richard Martin, à la voix de basse sombre et cinglante, éructant ses piques, insultes, injures et autres vexations humiliantes avec une rare dureté. Face à lui, le personnage de Serge Barbuscia, magnifique dans ce rôle taillé sur mesure pour lui, lui répond, de prime abord surpris, balbutiant, bafouillant, bredouillant tel l’enfant qu’il est resté avant de lui rendre le chien de sa chienne.  Les échanges sont savoureux : la mise en scène sobre  et délicate, jusque dans les déplacements millimétrés des acteurs, fait honneur au texte. Elle le sert à merveille même si les entrées et sorties des personnages sont limitées par la configuration même du plateau, avec une seule entrée ou sortie possible, côté jardin. Cependant, le public se laisse emporter par le rythme vif du spectacle aux accents felliniens.

La vie, un éternel recommencement

Les interrogations de nos deux clowns sur la raison de la fameuse annonce donnent lieu à un jeu de réponses où l’optimisme absurde et le réalisme lucide s’entrechoquent : peut-être est-ce pour apprendre aux jeunes générations l’art perdu du clown ? Se questionne Nicollo. Ou se procurer des palefreniers à moindre coût ? répond Filippo qui tente sournoisement de lui proposer un deal à sens unique. A travers ce dialogue, sous couvert d’une critique du laxisme des jeunes générations dans l’apprentissage du métier, on peut se questionner sur la transmission de l’art clownesque ainsi que l’évolution du jeu clownesque et du métier de clown de cirque. A l’orée des années 80, le cirque nouveau ayant rebattu les cartes de jeu*, les numéros des clowns traditionnels, à l’image des cirques animaliers traditionnels de moins en moins nombreux et voués à l’extinction, sont peu à peu évacués des cirques et remplacés par d’autres numéros plus modernes. Il est alors ici question de l’adaptation du clown traditionnel au cirque moderne : les anciens numéros ne font plus recettes, il faut se renouveler.

Au duo déjà formé, se joint alors un troisième larron : Pepinno, le clown rouge, celui qui se croit plus malin que les autres sans forcément l’être. Une coiffure à la rock star avec ses lunettes noires, un costume plus théâtral que clownesque, un mouchoir rouge négligemment attaché autour du cou façon poète maudit, il marche péniblement : essoufflé, il s’affale sur le fauteuil. C’est alors que commence le jeu des alliances entre les trois clowns où chacun fera montre de ses talents sans toutefois tout divulguer au risque de se faire voler le tour. Avec finesse, Serge Barbuscia incarne un clown funambule qui s’essaie à la pantomime : la scène de mime face public est merveilleusement interprétée. Le passage dans lequel il s’allonge sur le sol pour mimer une séance de relaxation le plongeant dans un profond sommeil, un fiasco aux yeux des deux autres, est drôlissime mais il ne se démonte pas car il est persévérant. Richard Martin, quant à lui, montre avec subtilité une facette plus douce de Filippo, la main tremblante d’un vieillard ému, les yeux émerveillés d’un enfant devant un tour de magie, lorsqu’il propose un tendre et joli numéro avec des ballons rouges.

Pepinno ? Lui, il a fait une petite carrière théâtrale. C’est qu’il a le goût des planches et prend plaisir à jouer ! Monsieur déclame du Shakespeare, Hamlet, ici revisité à la sauce clownesque : le passage où Pierre Forest sort son nez de clown de son mouchoir tel un prestidigitateur avec un respect appuyé envers l’objet dans sa façon de le tenir face à lui avant de réciter sa tirade être ou ne pas être clown, telle est la question ? est d’une beauté et d’une justesse magnifique. Il excelle faire jouer la comédie à son personnage auquel il confère un aspect pathétique dans sa façon un peu snob de le faire parler, de se comporter en monsieur je sais tout indolent et suffisant, simulant sa mort pour en mettre plein la vue à ses amis.  Ah, sacré farceur de Pepinno, tel est pris qui croyait prendre… Mais, chut !, ne dévoilons pas la fin surprenante et étonnante du spectacle, également dans sa mise à la scène bien pensée, avec son retournement final inattendu qui achève de boucler la boucle. Le rideau tombe sur un recommencement…

In fine

Cette création tendre et cruelle est fort bien menée par trois comédiens aux talents complémentaires : on dirait même que les personnages dont ils endossent le costume ont été écrits pour eux. Nous pouvons saluer Virginie Lemoine, assistée d’Alice Faure, pour leur direction d’acteur efficace et leur travail de mise à la scène du texte réalisé au cordeau, sur le fil du rasoir, avec néanmoins un souci marqué du détail : elles usent avec parcimonie d’effets et économie de moyens et réussissent à dé-complexifier le texte sans lui ôter sa substantifique moelle, un peu à la manière d’un Guillaume d’Ockham.  Ceci est d’autant plus appréciable que le texte est superbement écrit par un auteur dont on ne peut qu’admirer la maîtrise de l’absurde et la précision de l’écriture finement ciselée avec ses dialogues percutants et cinglants.  Les personnages sont croqués avec tendresse jusque dans leurs mesquineries et petitesses.

Le texte traite d’un abyme de sujets. De la question de la fin de carrière d’un acteur vieillissant à celle de l’évolution du métier de clown, la pièce dessine la fin d’un monde, actant avec lucidité la cruauté du monde extérieur. Elle dresse un portrait féroce de notre société et/ou des sociétés d’hier et d’aujourd’hui**, machines à broyer l’humain qui est en nous pour nous rendre captifs d’un mode de vie imposé et d’aspirations qui ne sont pas forcément nôtres, dévoilant les aspects les plus sombres et abjects de notre être vers lesquels nous sommes irrésistiblement poussés. Elle est le reflet de notre condition humaine et/ou humanité, de notre nature qui est de persévérer dans son être jusqu’au jour de notre fin, persévérer envers et contre tout, à tout prix. Ou non selon qu’on résiste à cette pression venant de l’extérieur.

Ce spectacle est en tout point magnifique : nous vous le recommandons chaudement tant il nous réveille de nos certitudes, nous bouscule dans nos convictions, tout en nous offrant une lueur d’espoir, à l’image du personnage de Nicollo. L’éternel deuxième – si ce n’est dernier-, à l’instar du chevalier errant, persiste dans son attente, restant là, toujours prêt à recommencer quoi qu’il arrive.

Diane Vandermolina

*Avec l’essor de nouvelles formes pluridisciplinaires alliant dramatisation et acrobaties pour raconter une histoire, le cirque nouveau abandonne progressivement le principe de la suite de sketches ainsi que la piste centrale au profit d’une scénographie et mise en scène plus élaborées.
**Sociétés totalitaires ou capitalistes/libérales


VENTILO – 19 janvier 2022

Pitres de transport

À l’arrivée au Théâtre Toursky, nous sommes tout de suite happés par le monde des textes : de grands auteurs tels qu’Aragon, Verlaine ou Rimbaud nous accompagnent grâce à l’évocation écrite de leur œuvre qui nous suit tout au long de l’allée menant à l’espace culturel. Ce qui va suivre fera écho à cet avant-propos littéraire.

L’entrée sur scène lente et brinquebalante de ces clowns nous plonge tout de suite dans l’ambiance. Ces trois personnages italiens, Nicolo, Philippo et Peppino, se retrouvent par hasard dans cet espace clos et sans fenêtre, une salle d’attente pour, on l’imagine, un entretien d’embauche — ce qui nous renvoie directement à l’époque actuelle des confinements et du sentiment d’oppression ressenti depuis des mois.

Mais ici, et sans jamais sortir de cette salle, ils vont nous emmener avec eux à travers une montagne russe d’émotions, allant de la joie à la nostalgie en passant par la jalousie ou encore la colère. Leur rivalité nouvelle peut ainsi les amener à des réactions pathétiques dans leur violence et leur maladresse physique, en essayant de se persuader qu’ils ne sont pas finis. Une sorte de malaise semble alors s’emparer petit à petit du public, où des rires crispés puis se transformant en véritables éclats se font entendre çà et là.

Le travail visuel de la mise en scène (signée Virginie Lemoine), qui s’appuie sur un jeu de lumières finement étudié, s’avère remarquable, faisant apparaître en nous l’envie d’immortaliser certaines images, tant celles-ci méritent de rester gravées aussi bien dans nos mémoires que sur nos cartes mémoires (ce qui est logiquement interdit, le théâtre ne manque pas de nous le rappeler).

En définitive, ces personnages cernés et aigris par leur âge et leur talent perdu, magnifiquement interprétés par Serge Barbuscia, Pierre Forest et Richard Martin, nous interrogent sur notre passé, les regrets de la jeunesse presque oubliée et l’égoïsme croissant de nos sociétés modernes.

Une chose est en revanche certaine : les applaudissements (très) nourris du public ne nous font pas douter du plaisir retrouvé de goûter aux joies du spectacle vivant, ou simplement d’être ensemble.

Yann Pétureau


VENTILO – 19 janvier 2022

Si l’intrigue de Petit Boulot pour vieux clown — trois clowns sur le déclin, autrefois collègues et complices, se disputent un poste dans un théâtre, bercés par l’illusion qu’ils ont été appelés pour sauver ce qui reste encore du « grand art du cirque » — peut paraître anodine au premier abord, elle symbolise pourtant avec brio l’œuvre de Matei Visniec. Le dramaturge roumain, qui n’a cessé de dénoncer les régimes totalitaires, s’en prend ici à ce libéralisme forcené qui pousse les hommes à la lâcheté, à la trahison et aux pires compromissions avec la morale. Incarné par des clowns, ces personnages qui offrent un miroir grossissant des travers humains, ce théâtre de l’absurde permet à l’insignifiant de côtoyer l’essentiel. Dans cette création mise en scène par Virginie Lemoine, et portée par Pierre Forest (Molière en 2017), Serge Barbuscia et Richard Martin, il est autant question de l’âme humaine que de la vieillesse. Derrière la critique acerbe de la société de consommation et la détresse, il y a le rire et la tendresse.

 


LE MOT DE RICHARD GUEDJ – 18 janvier 2022

” Un spectacle qui nous met le rire au bord des larmes où trois sales gosses, trois vieux gamins se cherchent se trouvent se chambrent et se vannent, s’aiment et se déchirent sous l’oeil aimant et protecteur de leur metteur en scène Virginie Lemoine qui aime ses acteurs et leur apportent toute la douceur, la bienveillance et la bénédiction maternelle!
Courez rire aux souvenirs de ces vieux clowns!
Richard Martin, Serge Barbuscia, Pierre Forest s’en donnent à coeur joie et ils ont du coeur !”

Richard Guedj, Acteur, metteur en scène, ancien directeur d’acteurs de “Plus belle la vie”

 


FRANCE NET INFO – 15 janvier 2022

S’il est un lieu culturel à Marseille qui propose de vrais spectacles de qualité, c’est bien le Théâtre Toursky de Richard Martin ! Impossible d’être déçu ou de rester sur sa faim lorsqu’on franchit le seuil de ce magnifique lieu, accueillant, chaleureux, dynamique, où souffle un vent de génie qui réchauffe le coeur et l’âme.

J’ai eu la grande chance d’assister à la dernière création du Théâtre Toursky en coproduction avec le Théâtre du Balcon Avignon et A360 Production. une pièce poignante intitulée Petit boulot pour vieux clown. La pièce est écrite par Matei Visniec, mise en scène par la talentueuse Virginie Lemoine, et servie par trois immenses acteurs : Pierre Forest, Serge Barbuscia, et Richard Martin.

L’argument de la pièce :

Trois vieux clowns sur le déclin se présentent à la porte d’un bureau dont on ne saura jamais rien, pour répondre à une petite annonce dont on ne saura pas davantage, si ce n’est que l’on y recherche justement un vieux clown. Jadis, ils ont travaillé ensemble chez Humberto. La joie des retrouvailles fait bientôt place à la dispute car l’offre ne concerne qu’un seul poste. Peu à peu, les trois vieux copains deviennent trois gladiateurs tragiques des temps modernes qui luttent pour survivre tout en se faisant l’illusion qu’ils ont été appelés pour sauver ce qui reste encore du « grand art du cirque ».

Matei Visniec est l’un des auteurs les plus joués au Festival Off d’Avignon et aussi l’auteur dramatique le plus joué en Roumanie depuis la chute du communisme.

Virginie Lemoine s’empare de ce texte et explore l’âme humaine dans ce qu’elle recèle de plus étonnant, de plus généreux, de plus mesquin ou de plus noir.

Mon avis de spectatrice :

J’ai été émerveillée par l’univers de cette pièce ! Le décor et les costumes retranscrivent vraiment cette impression de vieilleries, de choses rapiécées, de temps qui passe inexorablement sur les objets et les gens pour les transformer. Le propos de la pièce trouve toute sa dimension dans cet amas de vielles valises qui servent tour à tour de chaise, de marchepied ou de coussin pour s’y agenouiller. Le temps est une constante dans les dialogues avec ces trois vieux clowns qui cherchent en permanence à connaitre l’heure.
Parlons des personnages, trois artistes, trois personnalités différentes, trois jeux d’acteurs époustouflants. Il y a le clown qui est resté bloqué dans l’enfance, hypersensible, qui pleure pour un oui ou pour un non. Il y a le clown aigri, méchant, avec les pieds sur terre, qui joue de subterfuges pour se débarrasser de ses concurrents. Puis il y a le clown poète, à l’ambition avortée, qui s’amuse aux dépens de ses deux confrères. Tour à tour ils s’embrassent et se disputent, vont jusqu’à se battre…
Quelles performances exceptionnelles nous ont offert ces trois acteurs magnifiques : Pierre Forest, Serge Barbuscia, et Richard Martin. cachés derrière leur maquillage burlesque. Mais sous le masque, ils nous révèlent leur vulnérabilité avec un talent solaire qui vous prend aux tripes. Avec brio, ils servent des dialogues aiguisés comme des lames de rasoir, parfois pathétiques, souvent drôles mais toujours justes. Ils nous emmènent dans au pays de l’Absurdie, où le lâcher-prise est la capitale. Il ne faut pas chercher à analyser ou à comprendre, juste se laisser porter par le talent de l’auteur, des acteurs et de la metteur en scène. Un véritable travail d’équipe qui a réussi à construire une magnifique maison qui tient debout, aux fondations solides.

Petit boulot pour vieux clown est un spectacle à ne pas rater, une véritable performance qui vous emportera loin de la morosine ambiante. Allez au théâtre, amusez vous, célébrez le travail des artistes qui se démènent pour mettre du merveilleux dans nos vies. Réservez dès maintenant, le spectacle se joue jusqu’à la fin du mois au Théâtre Toursky.

 


PROJECTEUR TV – 13 janvier 2022

« Petit Boulot pour Vieux Clown » de Visniec au Théâtre Toursky

« Je crois qu’aujourd’hui, alors que tant de bouffons grotesques dans le monde se retrouvent assis au sommet du pouvoir, ma pièce sur les clowns a aussi des connotations politiques. » Matéi Visniec. Trois clowns vieillissants se disputent un emploi : un regard absurde et comique, sur la peur de l’homme d’être inutile dans une société de consommation effrénée.

A l’affiche du Théâtre Toursky international jusqu’au 29 janvier 2022, interprétée par trois acteurs prodigieux, Serge Barbuscia, Pierre Forest et Richard Martin,‘Petit Boulot pour Vieux Clown’, une pièce de Matéi Visniec mise en scène par Virginie Lemoine, que le public, ému et conquis, ovationne à chaque représentation. Courez-y !

Petit boulot pour vieux clown, La Création – Événement !

Trois hommes âgés arrivent avec des valises dans une pièce sans fenêtre. Ils sont vieux, démodés et espèrent désespérément qu’ils seront choisis car c’est manifestement leur dernière chance. Ils ont répondu à une annonce indiquant « Petit boulot pour vieux clown ». Lorsque personne n’arrive pour les tester, ils commencent à se mesurer en exécutant leurs vieux tours. Qui sera le meilleur ?

D’après vous, qui aura le petit boulot pour vieux clown ?

 

Une critique acerbe de la société de consommation

On jette les gens comme on jette les choses. ‘Petit boulot pour vieux clown’, pièce du dramaturge roumain Matéi Visniec, est une critique acerbe de notre société de consommation et nous jette au visage l’absurdité de notre réalité. C’est gênant car cela oblige à accepter qu’il y a discordance irrémédiable entre les aspirations humaines et la réalité. C’est cruel car c’est le miroir de nos petites vies, de nos magouillages, de nos égoïsmes, ce côté qui nous transforme en clowns vicieux, clowns abrutis, obligés de se pavaner, de jouer la grande comédie sociale, faisant le jeu de la machine consumériste conçue pour nous humilier, nous déshumaniser. C’est terrible car c’est l’interrogation sur la raison ultime des choses : la routine quotidienne, la marche irrésistible du temps, la vieillesse, la mort, l’étrangeté et l’inhumanité du monde. ‘Petit boulot pour vieux clown’, c’est drôle, tendre, poignant et absurde à la fois. Avec pourtant la détresse en filigrane, le rire est là, du début à la fin.

De la tendresse dans la détresse

Si Mateï Visniec force le trait jusqu’à la cruauté, si Nicollo, Peppino et Filipo sont amers, mesquins, il y a, tapie dans leur détresse, une tendresse infinie qui jaillit tour à tour chez chacun d’eux, une tendresse qui illumine leurs visages, les rapproche dans une joie enfantine, comme avec ces ballons qui sortent de la boite comme autant de lutins magiques et dérisoires. Dans ces moments de tendresse, le tragique de la situation est infini. Ces trois-là veulent vivre, encore, encore un peu.

Le temps, dimension de leur réalité

« Il doit être 6h, non 7h… 8h … »

Visniec explore le vieillissement à travers ce regard absurde, cynique, tendre et drôle sur trois clowns qui ne demandent qu’à exister. Mais plus que le vieillissement, il parle du temps qui passe inexorablement, de ce temps qui a usé, désabusé, les trois vieux clowns. Ce sont trois vieux copains qui luttent pour leur survie. Un seul sera choisi dans cette pièce sans fenêtre où le temps s’écoule à l’envers. Quand un comédien meurt, il se relève, éternel recommencement. Jusqu’à quand les êtres humains se battront-ils entre eux pour une bouchée de pain? Et la tendresse, bordel !

Des vieux clowns qui se ressemblent dans leur humanité

Ils ont chacun leur personnalité mais ils se ressemblent tellement dans leur humanité : unité de couleur pour les trois protagonistes avec un rouge vif rappelé dans des éléments sur les costumes élimés, grotesques de chacun des clowns : une fine écharpe façon cravate pour Peppino (Pierre Forest), un gros nœud papillon pour Nicolo (Serge Barbuscia), et une fleur de papier à la boutonnière pour Filippo (Richard Martin), tous trois nimbés d’une bleu violet jusqu’au gris bleu perlé des cheveux. Preuve qu’ils sont unis par-delà leur volonté farouche à se démarquer l’un de l’autre. C’est la photo colorisée d’une époque surannée. Un nez rouge, et c’est Fellini qui ressuscite ses clowns devant nous. Une musique de cirque, et les voilà soudés par une douce nostalgie.

Trois acteurs prodigieux sublimés par une mise en scène admirable

« Devons-nous, pour vivre, exister et être reconnu, ne jouer rien d’autre que la pantomime d’un rôle social ? »

Les trois acteurs, tout en nuances, prodigieux, poussent à la limite leurs possibilités expressives. Le verbe est clair, fidèle au style de l’auteur. Chacun de leur mot, de leur geste, magnifie ce texte universel qui coule avec une simplicité incroyable quand on sait la difficulté de l’écriture et du jeu. La mise en scène de Virginie Lemoine, assistée d’Alice Faure, sublime cette pièce de Visniec qui renvoie à l’essentiel : devons-nous, pour vivre, exister et être reconnu, ne jouer rien d’autre que la pantomime d’un rôle social ? Ces trois-là nous ressemblent tellement ! Au final, une pièce admirable interprétée par des acteurs fascinants de vérité. Un texte qui renvoie à l’essentiel, à ne manquer sous aucun prétexte.

Danielle Dufour-Verna


FRÉQUENCE SUD – 10 janvier 2022

Petit boulot pour vieux clown, une pièce à découvrir au Théâtre du Toursky du 7 au 29 janvier.

Trois vieux clowns sur le déclin se présentent à la porte d’un bureau dont on ne saura jamais rien, pour répondre à une petite annonce dont on ne saura pas davantage, si ce n’est que l’on y recherche justement un vieux clown. Jadis, ils ont travaillé ensemble chez Humberto. La joie des retrouvailles fait bientôt place à la dispute car l’offre ne concerne qu’un seul poste. Peu à peu, les trois vieux copains deviennent trois gladiateurs tragiques des temps modernes qui luttent pour survivre tout en se faisant l’illusion qu’ils ont été appelés pour sauver ce qui reste encore du « grand art du cirque ».

LA PROVENCE – 9 janvier 2022


DESTIMED – 9 janvier 2022


Marseille. Théâtre Toursky. ’Petit boulot pour vieux clowns’ incarnés par trois grands comédiens dans une mise en scène inventive

Né le 29 janvier 1956 à Rădăuți, en Roumanie, et vivant en France depuis 1987 Matéi Visniec est le dramaturge le plus joué de son pays. On ne compte plus les spectacles montés à partir de ses pièces. On citera par exemple « Comment j’ai dressé un escargot sur tes seins », fantaisie onirique proposée dans le cadre du In d’Avignon 2018 par Serge Barbuscia, à l’intérieur du théâtre du Balcon dont il est le directeur artistique.

On notera également que le dramaturge roumain fut en juin dernier l’invité d’Alain Simon, le directeur du Théâtre des Ateliers d’Aix pour la création de sa pièce « La femme cible et ses dix amants » jouée par la jeune et talentueuse compagnie d’Entraînement. On y découvrait un Visniec qui s’inspirant de la tradition du Grand-Guignol, proposait avec poésie une réflexion sur notre monde qui perd la mémoire. On y croisait un inspecteur chargé par la région de la sécurité des installations foraines. On se familiarisait avec une foire itinérante comme il en existe un peu partout. Revoilà une ambiance de cirque avec cette pièce « Petit boulot pour vieux clowns » que
Richard Martin le directeur du Toursky a programmé dans son théâtre jusqu’au 29 janvier inclus, et qui sera reprise en Avignon au Balcon de Barbuscia du 19 au 27 février prochain.

Entre le « Godot » de Beckett et « Les clowns de Fellini

A l’onirisme et à l’étrangeté de l’escargot et de la femme-cible d’antan, Matei Visniec oppose un monde réaliste où la cruauté explose par touches successives. Et pour illustrer cet état de fait ce sont trois clowns qui serviront de modèles d’étude. Trois vieux clowns à la carrière floue, mais à la détermination farouche, qui ont tous les trois travaillé chez Humberto et qui se retrouvent attendant une audition devant une porte dont l’ouverture ne se fera pas. On assistera en revanche à un écharpement en règle des trois clowns qui après les effusions d’usage iront jusqu’à tenter de s’éliminer l’un l’autre.

« Avorton ! », « Gros tas ! » s’envoient-ils à la figure avant de parodier Shakespeare sur le mode « Être ou ne pas être clown, là est la question ». C’est drôle, tragique, c’est une pièce sur la mémoire, le temps qui passe, la fidélité à ses rêves de jeunesse. C’est un texte incandescent (disponible chez Actes Sud- Papiers), brossant le portrait de trois artistes transformés en trois gladiateurs tragiques des temps modernes qui luttent pour survivre tout en se faisant l’illusion qu’ils ont été appelés pour sauver ce qui reste encore du « grand art du cirque ». Nous sommes entre le Beckett de « En attendant Godot » et « Les Clowns » ou « La Strada » de Fellini. Avec un zeste de Dino Risi, ou d’Ettore Scola, de Monicelli et autres grands créateurs de la comédie italienne des années 1960-1970.

Martin, Barbuscia, Forrest, Virginie Lemoine et Alice Faure, quintet gagnant.

Sur scène Richard Martin et Serge Barbuscia ouvrent ce bal des aménités électives. Bouleversants d’authenticité dans la peau de ces drôles de clowns que l’on croirait sortis d’une tragédie grecque, ils sont rejoints par un Pierre Forest au sommet de son art. Déjà impressionnant dans le rôle de médecin du film « Adieu monsieur Haffmann » que Fred Cavayé a tiré de la pièce de Jean-Philippe Daguerre, inoubliable Coquelin dans le « Edmond » de Michalik, et bouleversant Don Diègue dans « Le Cid » vu par Thomas Le Douarec, il est ici le troisième et poignant larron clownesque. Tout s’enchaîne et tout se rejoint tout s’oppose et tout se décale dans une mise en scène triangulaire et géométrique où les valises portées et déposées par les clowns servent d’habits à leurs songes et de barrières contre l’agression du monde et des autres.

Assistée de Alice Faure qui fait un travail précis, Virginie Lemoine signe une mise en scène qui lui ressemble : humble, généreuse, empathique, au service de l’auteur et de ses trois fabuleux comédiens. On saluera là encore son généreux regard qui excelle à éviter toute paraphrase pour cerner la souffrance, les joies et les errances des personnages. On se souvient que c’était déjà le cas dans son travail sur la pièce « Quand je serai grand je serai Nana Mouskouri » adaptée du roman éponyme de David Lelait-Helo, et portée sur scène par Didier Constant au Chien qui fume d’Avignon en 2019. On rappellera que Virginie Lemoine a donné toujours en Avignon une mise en scène en forme de chef d’oeuvre de la bouleversante pièce « Nos années parallèles » de Stéphane Corbin où s’imposaient Valérie Zaccomer et Alexandre Fraitouni, absolument bouleversants.

La musique de Stéphane Corbin

Ce même Stéphane Corbin on le retrouve signant la musique de la pièce de Visniec. Coach vocal sur « Fin de service » d’Yves Garnier (autre succès du off d’Avignon 2019), musicien inspiré qui signa les compositions de « Suite française » conçu par Virginie Lemoine et Stéphane Laporte d’après Irène Némirovsky. Créateur du collectif Les Funambules fondé en 2012 en réponse aux violentes manifestations en France contre le mariage pour tous avec la volonté de lutter contre les discriminations à travers la création de chansons originales, il est ici une sorte de Nino Rota du spectacle des clowns de Visniec. En très inventif et pas du tout dans la posture d’un imitateur du génie italien. Sous ses notes à la fin de la pièce notamment, Richard Martin, Serge Barbuscia et Pierre Forest habillés des costumes élimés, abîmés, maladroitement réparés et immensément sales prennent sous les lumières travaillées de Sébastien Lebert une dimension supplémentaire. Et semblent ne plus jouer leurs personnages mais les incarner…..Vous avez dit chef d’oeuvre ?

Jean Rémi BARLAND



LE JOUR ET LA NUIT – 8 janvier 2022


Création de Petit boulot pour vieux clown au Toursky

Après des mois de frustration, la vie culturelle reprend son cours et c’est une salle enthousiaste et ravie, qui a accueilli la création de Petit boulot pour vieux clown, une pièce écrite par le grand dramaturge Matéi Visniec au Théâtre Toursky. Un véritable bonheur car la culture est notre bien le plus essentiel puisqu’elle permet de réfléchir, d’analyser et de dénoncer les injustices.

La pièce est mise en scène par Virginie Lemoine de manière magistrale et les trois protagonistes, à savoir Richard Martin, Serge Barbuscia, et Pierre Forest sont excellents et brillants, à la fois tout en nuances et truculents. L’intrigue est la suivante : Trois vieux clowns qui cherchent du travail se retrouvent dans un théâtre où ils sont venus passer une audition. Ils ont travaillé ensemble chez Humberto. La joie de se retrouver fait bientôt place aux disputes et surtout aux rivalités car le théâtre n’offre qu’un seul poste de vieux clown. Ils sont devant une porte close et attendent. De cette attente interminable et anxiogène naissent des dissensions et des alliances éphémères se nouent entre Peppino (Pierre Forest), Filippo (Richard Martin) et Nicolo (Serge Barbuscia). Peu à peu, les trois copains deviennent trois gladiateurs des temps modernes qui luttent pour leur survie. Ils s’affrontent, non pour une question d’ego ou pour la gloire, mais parce que pour eux c’est vital. Les trois clowns en quête de ce travail postulent à cette offre d’emploi car ils y sont acculés par la nécessité comme le prouvent les vêtements usés à la corde et élimés qu’ils ont probablement empruntés pour se rendre à cet entretien d’embauche inespéré. Pour eux, cette ultime possibilité est leur dernière cartouche. C’est pour eux une nécessité vitale car ils vivent dans la misère et le dénuement le plus total. Ils se souviennent néanmoins avec nostalgie de l’époque faste où ils étaient encore «quelqu’un» avant de sombrer dans l’anonymat et l’indigence la plus totale et d’être inéluctablement broyés par une société dépourvue d’humanisme, de bienveillance, d’empathie et de solidarité. Ils sont vieux donc inutilisables et has been. Ils sont dans un état physique lamentable, au bout de leur vie et ont absolument besoin de ce job, qui, peut-être, n’est qu’un mirage car ils sont, en fait, devant une porte hermétiquement close, sans interlocuteur.

La pièce dénonce la société absurde, cynique qui est la nôtre. C’est une critique acerbe et au vitriol de la société implacable et inhumaine dans laquelle nous vivons. Les personnages malgré leur désespoir sont néanmoins attachants et pourvus d’un humour cinglant. C’est une pièce extrêmement drôle où l’on rit beaucoup malgré la peinture de la société impitoyable qui élimine les plus faibles. Les trois comparses s’apprécient mais sont conscients qu’un seul d’entre eux sera choisi et que les autres seront éliminés. La porte close, selon Matéi Visniec symbolise le pouvoir absolu de Nicolas Ceausesco pendant la mandature duquel les citoyens roumains se retrouvaient convoqués arbitrairement, sans explications et sans possibilité de dialoguer, de se défendre ou d’argumenter. Une critique kafkaïenne d’un état totalitaire, qui trouve, eu égard à la conjoncture actuelle, un écho retentissant en nous.


RMT NEWS INTERNATIONAL – 7 janvier 2022

Petit boulot pour vieux clown de Matéi Visniec au Toursky

1+1+1=4

Jusqu’au 29 janvier 2022, le théâtre Toursky présente sa dernière création maison : Petit boulot pour vieux clown de Matéi Visniec, ultime pièce du dramaturge roumain écrite dans sa langue natale en 1986 comme « un baisser de rideau sur une culture, un monde » (Pierre Forest). Sur fond de retrouvailles chaotiques à la « je t’aime, moi non plus » de trois vieux amis clowns, nous est dépeint la fin d’un monde, d’une culture mais pas de l’humanité : « cette dernière n’a besoin que d’amour » tempère Richard Martin.

Une écriture de l’absurde profondément théâtrale

Connu pour son grinçant Du pain plein les poches, l’auteur questionne dans ses pièces les relations de l’individu avec le pouvoir, dénonçant les régimes totalitaires et la complicité des régimes démocratiques. Profondément marqué et censuré par le régime de Nicolae Ceausescu, il s’exile en France en 1987 : depuis il a traduit un grand nombre de ses pièces et écrit de nombreuses œuvres dans la langue de Molière.

Contrairement à Musset dont les œuvres théâtrales étaient conçues pour être lues dans un fauteuil, les écrits de théâtre de Visniec sont expressément faits pour être interprétés par des acteurs en chair et en os : il use d’un style direct et précis où chaque mot est choisi soigneusement, sans fioritures inutiles à l’instar d’un diamant brut, maniant l’absurde avec sagacité.

« Au plateau, il prend tout son sens et se révèle dans toute sa richesse et complexité : c’est un texte difficile à apprendre mais quel plaisir pour le spectateur à l’entendre » précise Pierre Forest, grand amateur et fin connaisseur de Rock, admiratif de cette écriture de « théâtre pour le théâtre ».

Des retrouvailles inattendues entre trois vieux clowns en fin de carrière

Trois vieux clowns aux costumes élimés, FILIPPO, NICOLLO et PEPINNO, corps rabougris et visages burinés par le poids des ans, sont en recherche d’un dernier emploi. Par le passé, ils formaient un trio dans un cirque avant que la vie ne les sépare, chacun roulant sa bosse de son côté, cahin-caha. Ils se retrouvent plusieurs dizaines d’années après dans la salle d’attente d’un music-hall à postuler pour un même petit boulot. Lequel des trois décrochera le fameux contrat ? Entre joie des retrouvailles et compétition pour savoir lequel est le plus apte à remporter l’audition, la bataille s’annonce rude entre les trois anciens collègues dont la carrière n’a jamais décollé au firmament.

Ici, est abordée en filigrane la question de la réussite artistique, en particulier celle des artistes pourtant talentueux qui ne font pas carrière : « c’est épouvantable d’être extrait comme ça du manège de ce métier » explique Virginie Lemoine, metteur en scène de la pièce, profondément touchée par cette réalité des faits qu’elle observe au quotidien. « Il existe beaucoup d’artistes extraordinaires qui végètent et ça nous fait réfléchir sur le métier et la société. La réussite repose sur deux règles précises et que tout le monde ignore » ironise-t-elle.

Etre ou ne pas être clown ?

Entre Tchekhov, Beckett, Ionesco et Fellini en passant par Shakespeare, cette tragi-comédie féroce et jubilatoire, humaine, si humaine !, nous interroge sur notre humanité : nos trahisons, nos lâchetés, nos petits arrangements avec la morale, nos élans amoureux, nos désirs insatisfaits, notre besoin de reconnaissance, nos illusions perdues, notre insignifiance, nos combats dérisoires et pourtant nécessaires à l’image de ceux de Don Quichotte de la Mancha. « Se battre pour des moulins à vent est important : c’est un combat de l’imaginaire » abonde Pierre Forest.

Tout l’intérêt de cette pièce réside dans le choix du clown « à la fois pathétique et joyeux », « cruel et féroce », « monstrueux et beau » : miroir grossissant de nos petits travers et mesquineries, « il réveille nos consciences et représente la société» précise Richard Martin. Il permet de dénoncer la pantomime sociale à laquelle nous participons, pointant avec lucidité l’interchangeabilité des individus dans leurs rôles sociaux, les jeux d’alliance auxquels la compétition nous pousse, ainsi que la cruauté du monde extérieur, tout en nous faisant rire.

On se rit du clown, de sa maladresse ridicule, du comique de situation qu’elle engendre et de la chute toujours inattendue, ici, l’arrivée d’un quatrième larron qui rebat les cartes. Ainsi « Si tout se finit, viens » dit Filippo avant le Baisser de rideau.

« Une pièce pour jeunes jouée par des vieux »

Selon Alice Faure, assistante à la mise en scène, « cette pièce peut être vue autant par les enfants que par les adultes : les clowns sont de grands enfants et les enfants peuvent comprendre des choses que nous adultes ne comprenons pas et vice-versa » déclare-t-elle.

Cette comédie grinçante à plusieurs niveaux de lecture et compréhension offre ainsi des rôles taillés sur mesure à trois grands comédiens : Serge Barbuscia, Richard Martin et Pierre Forest.

Chose rare pour le souligner, le théâtre propose une série de 15 représentations pour la découvrir et assurément, le texte n’a pris aucune ride en l’espace de trente ans. Une pièce qui tombe à pic à notre époque. A vos agendas.

Diane Vandermolina


FRANCE 3 • 19/20 Marseille – 6 janvier 2022

 


LA PROVENCE – 4 janvier 2022


LA PROVENCE – 3 janvier 2022

AU THÉÂTRE TOURSKY Virginie Lemoine crée Petit boulot pour vieux clowns, une pièce du dramaturge roumain Matéi Visniec qui sera jouée au Toursky, avant Paris et Avi gnon. Elle dirige Richard Mar tin, Serge Barbuscia et Pierre Fo rest dans cette pièce écrite au milieu des années 80 par un au teur censuré par le régime Ceau sescu avant de trouver asile en France. Une comédie sociale, grinçante et cruelle, où trois vieux clowns venus passer une audition deviennent les gladia teurs tragiques des temps mo dernes. “Quand je l’ai lu, j’y ai vu une vraie critique de notre système capitaliste, avec cette concurrence à tout prix, lecom portement humain impitoyable face à la nécessité de décrocher un emploi. C’est une critique de l’absurdité de cette concur rence”, disait Virginie Lemoine lors des premières répétitions. 



LE JOUR ET LA NUIT

“Virginie Lemoine met en scène Petit boulot pour vieux clown au Toursky” •  Lire l’article



PROJECTEUR TV

“Virginie Lemoine est Madame Loyal dans « Petit boulot pour vieux clown » de Matéi Visniec” Lire l’article


LA PROVENCE

“Virginie Lemoine face aux clowns” 

La comédienne met en scène Richard Martin, Serge Barbuscia et Pierre Forest dans une pièce de Matéi Visniec

Accueillie “magnifiquement”, dit-elle, à Marseille au théâtre Toursky, Virginie Lemoine crée Petit boulot pour vieux clowns, une pièce du dramaturge roumain Matéi Visniec qui sera jouée là, avant Paris et Avignon, pour le Off, l’an prochain. Pendant une pause des répétitions où elle dirige Richard Martin, Serge Barbuscia et Pierre Forest, Virginie Lemoine raconte l’esprit de cette pièce, dont elle signe la mise en scène et qui a été écrite au milieu des années 80 par un auteur censuré par le régime Ceausescu avant de trouver asile en France. Une comédie sociale, grinçante et cruelle, où trois vieux clowns venus passer une audition deviennent les gladiateurs tragiques des temps modernes.

Pourquoi ce texte qui semble coller à l’air du temps et comment l’abordez-vous ?

C’est Serge Barbuscia qui l’a choisi, il connaît très bien Matéi Visniec et voulait le monter. Il me l’a proposé, avec Richard Martin et lui, il manquait un comédien, j’ai proposé Pierre Forest. Quand Matéi Visniec l’a écrit, la Roumanie était encore sous le joug des Ceausescu, c’est une critique du régime à une époque où l’on pouvait être convoqué devant une porte dictatoriale sans savoir pourquoi, et il fallait attendre, attendre, attendre… Chacun peut y mettre beaucoup de choses. Quand je l’ai lu, j’y ai vu une vraie critique de notre système capitaliste, avec cette concurrence à tout prix, le comportement humain impitoyable face à la nécessité de décrocher un emploi. C’est une critique de l’absurdité de cette concurrence.

Dans cette période, y mettez-vous une énergie particulière ?

Je ne prends pas en charge le contexte politique et social, je raconte l’histoire mais avec ce qui se passe actuellement et ça prend vraiment sens.

Voyez-vous cette pièce plutôt par le prisme de la comédie sociale, de l’absurde, de l’onirisme ?

On est vraiment à mi-chemin entre la comédie italienne et En attendant Godot de Beckett, dans une réalité déglinguée. Pour l’explorer, il faut que cette réalité soit concrète, sinon on se perd, mais cette folie ça donne une liberté “folle” dans la mise en scène. J’ai beaucoup lu, relu la pièce. Je mets la photo dans un bain d’acide et vois comment elle apparaît, ça n’est que moi qui développe… On peut tout faire mais il faut que chaque personnage ait sa logique, imparable, tout à fait personnelle.

Comment voyez-vous chacun des personnages campés par Richard Martin, Serge Barbuscia et Pierre Forest ?

Ils sont semblables et très différents. Il y a un personnage d’autorité, c’est Pierre Forest, il s’autoproclame chef, il y a un petit rapport vertical mais qui ne tient pas. Après, le personnage de Richard Martin est très malin ; tout au long de la pièce, c’est un jeu de coalition constant comme les affinités électives de Goethe, ça n’arrête pas et ce personnage n’est jamais seul, on ne le coince pas. Le troisième, incarné par Serge Barbuscia, plus fantaisiste, ahuri, n’a pas la vélocité des autres dont il est victime, il est peut-être plus dangereux.

Quel plaisir tirez-vous de la mise en scène ?

J’adore ça ! Ce qui est jubilatoire c’est de pouvoir proposer exactement la vision que l’on a. Quand on est juste comédien, on s’adapte à la vision du metteur en scène. Là, on réalise le fantasme de raconter l’histoire que
l’on a imaginée, c’est un plaisir vraiment jubilatoire, surtout quand on est dans la salle et que l’on voit les gens recevoir cette histoire qu’on a concoctée. Là, j’aimerais que le spectateur sorte avec un sentiment de voyage, de conte, d’être parti ailleurs. Se laisser embarquer, c’est ce qu’on cherche, que l’on aille voir Médée ou un dessin animé. C’est magnifique quand on arrive à s’oublier et ressentir des émotions quelles qu’elles soient.

Matéi Visniec évoque le film “Les Clowns” de Fellini parmi ses références pendant l’écriture, quelles sont les vôtres ?

Quand j’étais petite, il y avait trois clowns qui s’appelaient Les Bario, c’était irrésistiblement drôle, tellement joli. Je suis allée cet été au cirque, j’ai rencontré des clowns et posé beaucoup de questions. Matéi Visniec dit : “J’ai voulu un univers cruel alors j’ai choisi les clowns”. Et c’est vrai, le clown avec des habits rapiécés se prend des tartes à la crème mais arrive à renverser la situation et se redresse. On rit de son drame, c’est très cruel. Ce qui participe au rire, c’est que l’on est dans un univers où la douleur n’existe pas. J’aime beaucoup Abel et Gordon qui sont la quintessence du clown, j’adore la sobriété, l’économie de moyens.

Dans la pièce, la joie des retrouvailles fait place à l’angoisse, est-ce ce que vous ressentez par rapport à la situation des lieux culturels ? Quelles sont les prochaines étapes ?

C’est un peu le brouillard, les directeurs de salle ne répondent plus, personne ne peut s’engager dans rien, c’est compliqué. Je suis optimiste, il y a un tel manque, je pense que le public sera au rendez-vous, dans les restaurants, les théâtres, les cinémas. Heureusement qu’on a eu la culture pendant tous les confinements, elle ne s’exprime pas que sur un tréteau ou dans un musée, elle est partout, et absolument essentielle. Chaque oeuvre que l’on voit, des gens l’ont écrite et réalisée, c’est beaucoup de compétences, de travail, et c’est terrifiant de dire qu’elle est non-essentielle car elle est partout et ça a été notre survie. J’ai été très contente de revoir les comédies de Louis de Funès ou de Bourvil, de voir du théâtre à la télévision, d’écouter de la musique comme tout le monde. Je n’ai pas envie de me dire que je suis impatiente car je vais le devenir, je me dis que je profite du temps qui m’est donné, un peu immobile, et permet de faire beaucoup de choses. Tous les intermittents se sont démenés, les comédiens ont fait des tas de trucs, mis en place des projets.

Avez-vous d’autres projets en cours, allez-vous revenir dans la région ?

Je serai sur scène l’an prochain dans un projet entièrement “Covid”. J’ai reçu le texte, fait les lectures, trouvé un théâtre, tout ça pendant le Covid et ça se monte: ça se jouera à partir de janvier à Paris et s’appelle Black Comedy. Et puis Petit Boulot pour vieux clowns sera créé à Marseille et jouera au théâtre du Balcon à Avignon, j’adore la région, j’y aime la diversité des paysages, des cuisines, de populations: c’est régénérant.

 


Sois un homme mon fils

Sois Un Homme Mon Fils au Théâtre Toursky 2019
SOIS UN HOMME
MON FILS

DE ET AVEC BOUCHTA
DIRECTION : RICHARD MARTIN

Présentée au Festival Off d’Avignon 2019 au Théâtre Chien qui fume et au Théâtre Toursky du 12 novembre au 31 décembre 2019.  

 

Une véritable bouffée de rire et d’humanité.

 

« Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. » Bouchta a fait sienne la citation de Beaumarchais et nous fait rire là où ça fait mal. C’est sa façon de combattre les maux, les tabous, l’intolérance, le machisme, l’homophobie, les mariages forcés… la cruauté banalisée.

Fils d’immigrés algériens installés à Marseille, Bouchta grandit dans l’une des premières cités HLM. Il y connaît les joies de l’accession à un appartement neuf, les ruses de la débrouille… Mais il est le onzième enfant de la famille, « différent » des autres. Commence alors une quête d’identité douloureuse… Le rire est une réponse au tragique. C’est l’antidépresseur idéal. Le réel reste le réel, mais mis en scène, il devient une revanche sur le destin.

Immigration, intégration et homosexualité, avec cette création choc, Richard Martin s’empare d’un sujet brûlant d’actualité. Devant nous, Bouchta, désopilant, explosif, tendre, émouvant, sort de sa coquille, se régénère et nous offre sa Cage aux folles, version couscous. 

 

Une création à voir et à revoir,
seul, avec des amis, en amoureux,
en amoureuses ou en famille…

 

 

ÉCOUTER UNE INTERVIEW DE BOUCHTA :


LA PRESSE EN PARLE

Voilà un spectacle qui mériterait d’être vu un peu de partout en France tant son écriture fait sens et nous questionne sur de délicats sujets de société et d’actualité.
Sortir Ici et ailleurs

 

Allez découvrir Bouchta qui saura vous bouleverser, vous faire rire, vous questionner sur sa vie, et vous enrichir sur la vôtre.
La Gazette du Théâtre

 

Un spectacle tendre et violent.
On a rarement vu une telle fraîcheur sur un plateau de théâtre.
Richard Martin réussit un tour de force.
Une leçon de courage [rappelant] qu’en 2019, le style de vie choisi est un combat à mener de front.

Ouvert aux publics

 

Bouchta nous livre avec pudeur et une grande justesse son enfance, son adolescence et son mariage forcé en Algérie. Tantôt mère, tantôt lui –même, il excelle sur scène.

On sourit, on boit ses mots comme un délicieux nectar aux fruits de la passion, on rit beaucoup et finalement on est touché en plein cœur devant cette peinture de la misère du monde. On assiste à la naissance d’un phénomène unique totalement inclassable.
Il a toutes les qualités qui composent les grands humoristes. Ici, il est bien plus. Il est un funambule qui se révèle parfait équilibriste.

(…) On sort de la salle ému et grandi.
C’est mon coup de cœur du Off. Immanquable !

Éric Gilles, Sortir ici et ailleurs

 

Quand le regard de l’autre est en permanence une agression, seul le rire reste une échappatoire convenable pour sortir digne de toutes les épreuves.
Si vous ne deviez voir qu’un seul spectacle pendant ce festival, je vous conseille du fond du coeur ce bijou mille carat : Sois un homme mon fils.

— France Net Infos

 

GROS PLAN SUR UNE RÉVÉLATION DU OFF
Bouchta est un comédien hyper doué issu des quartiers nord de Marseille. Son seul en scène « Sois un Homme Mon Fils » dénonce sans colère mais avec courage et beaucoup d’humour certaines traditions méditerranéennes liberticides comme le mariage forcé, le rejet de l’homosexualité.Radio Vinci Autoroutes

 

 

Avec un capital sympathie énorme, Bouchta crève la scène. Du rire aux larmes, ce spectacle ambitieux fait réfléchir sur la place de l’homme dans l’humanité et soulève de nombreux questionnements sur la liberté de s’assumer tel qu’on est. Quand le regard de l’autre est en permanence une agression, seul le rire reste une échappatoire convenable pour sortir digne de toutes les épreuves.

Alice Masson, France Net Infos

 

Bouchta fait partie de ces êtres porteurs d’un lourd fardeau qu’il nous restitue avec la simplicité d’un verbe qui secoue comme un électrochoc. L’humour mène le bal et fait valser les incroyables et luxuriants empilages de vies qui eussent pu l’écraser mais qui, a contrario, lui ont insufflé une force, une énergie, un enthousiasme qui n’est jamais celui du désespoir, mais un credo enthousiaste et gourmand à la vie.

Toutes ces séquences de vie qu’il va puiser au fond de sa propre histoire, s’opposent aux lourdeurs du monde des traditions, des règles et des certitudes abêtissantes quand elles ne sont pas d’une violence cruelle ! Il nous les rapporte avec un talent de conteur hors pair et une authenticité du monde de la réalité qui ne peut que nous bouleverser.

Le rire sauve de tout parce qu’il est le propre de Bouchta.

Voilà sans doute pourquoi il n’est pas un homme comme tout le monde.
Jean-Pierre Cramoisan, PerformArts

 

Bouchta a un charisme indéniable et occupe l’espace scénique grâce à cette histoire qui est la sienne et qui relate sa douloureuse quête d’identité. Dur, dur d’être gay lorsque l’on est fils d’immigrés algériens et que l’on vit dans une cité H.L.M des quartiers nord à Marseille !

Un show choc d’une actualité brûlante sur l’immigration, l’intégration, les mœurs, la quête d’identité et l’homosexualité.
Une pièce qui n’impose rien, qui ne donne pas de leçons, mais qui suscite une réflexion et qui avec beaucoup de légèreté atteint une certaine profondeur.

Catherine Merveilleux, Le Jour et la Nuit

 

Singulier par la singularité de l’auteur et acteur, pour la première fois sur scène, qui se définit : « Je suis un homme au passé-composé féminin ».
De ce « troisième genre », marginalisé familialement, socialement et politiquement, localement, nationalement, internationalement. Que dire alors dans une HLM, qui plus est, la sulfureuse Cayolle, des Quartiers nord de Marseille ?

Benito Pelegrín, RTM News International

 

La mise en scène de Richard Martin repose sur une direction d’acteur millimétrée, précise, intelligente toujours au service du comédien et au sens inhérent du texte défendu.
— Sortir ici et ailleurs

 

La mise en scène de Richard Martin est fine, admirable d’humanité, toute en touches subtiles comme un mille-feuilles savoureux rempli de promesses. Tel un majestueux démiurge, Richard Martin a façonné dans la matière brute de l’acteur débutant Bouchta, l’ébauche d’une merveilleuse étoile montante.
— France Net Infos

 

La direction d’acteur est exemplaire. Tout est pris en compte, la vie est resserrée, précise, mesure complexe où la gestuelle est orientée vers une dimension qui donne du rythme, et s’accorde toujours à la drue vigueur du verbe.
Tu seras un homme, mon fils, car il n’y a pas d’autre voie.

— PerformArts


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Et hop, Les Guérisseurs !

UNE COMÉDIE DÉCAPANTE

Une création de Rufus
Avec Richard Martin, Rufus & Zoé Narcy

 

Une production Théâtre Toursky, Cie Richard Martin International – Marseille
Co-production Théâtre du Sémaphore, scène conventionnée Port-de-Bouc

 

Rufus signe ici un univers poétique démentiel nous prenant à partie, nous forçant à réfléchir sur le conditionnement des hommes : un rire salvateur, l’image de la comédie humaine, forcément tragique et, sous couvert de légèreté, un appel d’urgence à la liberté et à la prise de conscience. Car ce que l’amour ne peut guérir, la médecine le peut-elle ?

 

C’est l’histoire d’un certain Lebeurlard, un olibrius qui a la réputation d’être un guérisseur efficace. Le voici devant un patient qui se nomme Jean Dube. Le cas est difficile. L’homme craque. À bout, il vient donc voir Lebeurlard, auquel il avoue son métier : il est tueur à gages professionnel. À chaque fois qu’il exécute quelqu’un, il éprouve une douleur à l’estomac.

Pour soulager sa douleur, il a tout essayé. Il a suivi des régimes alimentaires, arrêté l’alcool, le tabac, le sucre… et le journal télévisé.  Il a sélectionné ses fréquentations, observé une morale rigide. Rien n’y fait. Il exige donc de Lebeurlard de pouvoir exercer son métier sans souffrance au travail. Complètement perdu, Jean Dube prie, supplie, menace… Il doit à tout prix sortir de cet enfer.

Les deux hommes s’affrontent, crient, hurlent leur fureur…

 

La rencontre entre les deux hommes permettra-t-elle la guérison, et par quel subterfuge ; le théâtre peut-être ?

À la manière de Beckett, le masque de la Tragédie et de la Comédie à la main, nous sommes tous en attente d’une joie, d’un avenir meilleur, d’un miracle. Ces deux-là n’y échappent pas : deux anti-héros comiques qui émeuvent par leur pathétique. Un seul miracle pour les mettre sur la voie : il s’agit de l’ex de Jean Dube, Lacoloc. C’est elle qui les a réunis. L’un la voit, l’autre non ; métaphore de la possible rédemption d’une partie de la société pervertie, papillon sur l’épaule à la manière de Jacques Deray ou fil d’Ariane pour trouver le chemin de la lumière ?

 

Une comédie qui nous entraîne dans un humour dévastateur.

 

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LA PRESSE EN PARLE…

 

« Réjouissant. »
La Provence

« Un univers poétique démentiel d’une perfection rare, entre deux acteurs magiques. »
SORTIR ici et ailleurs

« Le duo nous entraîne dans son sillage et c’est un plaisir que de les suivre. »
La Provence

« Rufus signe un texte au vitriol, pathétique, poétique, plein d’humanisme et d’intelligence (…) L’interprétation des deux acteurs, tous les deux en grande forme, est prodigieuse. »
Le Jour et La Nuit

« Un formidable duo d’acteurs, jubilatoire et parfaitement rodé. On rit beaucoup. »
Envrak.fr

« La confrontation verbale est menée de main de maître par deux comédiens qui excellent et s’amusent. »
La Gazette du Théâtre

« Une folie communicatrice et un humour dévastateur. »
Jean-Michel Gautier – Regarts

 « On ressort de cette représentation transformés. »
Alice Masson – Vivant mag

 

EN REPRÉSENTATION…

  • Théâtre Toursky – Marseille – du 15 au 17 novembre 2018
  • Théâtre du Balcon – Avignon – 14 novembre 2018
  • Théâtre du Balcon – Festival off d’Avignon – du 6 au 28 juillet 2018 · Co-réalisation Théâtre du Balcon, Cie Serge Barbuscia, scène d’Avignon. Avec le soutien de : ADAMI, SPEDIDAM, SACD.

 

Et hop ! Les Guérisseurs © Henri Marquet

© Henri Marquet

 


La Mémoire et la Mer

Texte de Léo FerréPar Richard MartinMusique Vincent Beer-Demander

UN HOMMAGE VIBRANT À LÉO FERRÉ

Richard Martin et Vincent Beer-Demander ont imaginé un oratorio poétique et musical autour de l’une des œuvres les plus magistrales de Léo Ferré, La Mémoire et la Mer. Poème-fleuve liant l’intime à l’universel, mélange de sexe, de mer et de mots, La Mémoire et la Mer — qui donna naissance en 1970 aux chansons de l’album Amour Anarchie — retrouve aujourd’hui toute sa puissance avec cette nouvelle création.

Le compositeur Vincent Beer-Demander, surnommé aussi le « Paganini de la mandoline », en signe la partition — tantôt pour 40 mandolines, tantôt pour orchestre symphonique — tandis que Richard Martin incarne ce poème vibrant de 440 vers. En effet, qui mieux que lui, son frère inséparable en éternité, pour faire revivre l’œuvre poétique majeure de Léo Ferré ?

Un voyage intense, mené avec passion et brio, qui réussit le pari de donner à voir et à entendre sur scène l’un des plus grands poèmes d’amour de l’Histoire…

Un enregistrement sonore devrait voir prochainement le jour… À suivre !

 

« Écoutez Richard et vous aurez une idée de ce que peut être l’insurrection des cœurs, un véritable lyrisme qui appelle à la découverte de notre langue. Richard Martin est le seul à dire ce magnifique élan qui est un des sommets de la poésie et de la chanson française peut-être jamais égalé. »
Luc Vidal, Cahier d’études Léo Ferré n°11

 

EN REPRÉSENTATION…

  • Résidence de 3 jours au Toursky – Espace Léo Ferré puis une représentation au Théâtre de l’Œuvre – Marseille, 19 octobre 2018
  • Théâtre Bryantsev – Saint Pétersbourg, Russie – Festival Raduga (Rainbow), 29 mai 2018 : Richard Martin, accompagné de l’Orchestre symphonique d’État “Classica” de Saint-Pétersbourg, dirigé par Vincent Beer-Demander, et du soliste Maxime Vagner à la guitare.
  • Théâtre Toursky – Marseille – 18 novembre 2017 : Richard Martin, accompagné de l’Académie de Mandolines de Marseille, dirigée par Vincent Beer-Demander.


À l'Amour, Citoyens !

À l’Amour, Citoyens !

Texte de Léo Ferré – Danse, musique et poésie
Avec Marie-Claude Pietragalla, Didier Lockwood, Lévon Minassian et Richard Martin

Quand la musique, le chant, la danse et la poésie font corps autour des mots de Léo Ferré.
Des splendeurs sémantiques, un ressac d’images et de sons qui nous hissent l’âme à marée haute.
Un appel à l’amour et la poésie.
Le partage d’instants d’éternité.

 

« Cette création est un moment unique, une virgule, un espace-temps, une œuvre éphémère, un chef d’œuvre. » Sortir ici et ailleurs, le 8 décembre 2017

EN REPRÉSENTATION…

  • Théâtre Toursky – Marseille – 28 novembre 2017

 


Richard Martin © Robert Terzian

La Méthode

De Léo FerréPar Richard MartinMusique Leda Atomica

L’intelligence de Léo Ferré fait cruellement défaut à notre époque : plus que jamais, nous avons besoin de lui. Ses poèmes transforment la violence en chant. Le grand public ne connaît que ses chansons. La Méthode, c’est l’occasion, le texte et le moment pour (re) découvrir un immense auteur.

La Méthode, de Léo Ferré fut créée par Richard Martin en 1980, reprise en 1981 et jouée pour la première fois au Palais des glaces à Paris.

Trente-cinq années qu’il vit avec, en lui, les textes du poète.
Et, au-delà des textes, une vieille histoire d’amitié et d’amour avec Léo Ferré qui perdure au-delà de la mort et des années.

EN REPRÉSENTATION…

  • Le spectacle de La Méthode était en tournée en 2015.